VIDEO & TEXTS

Dans ces images, les enfants depuis leur univers à eux, où nous n’arrivons pas à pénétrer, nous interpellent avec une sorte de folie douce.

Qu’est-ce qu’ils entendent de nous?

Quelque chose?

Qu’est-ce qu’ils comprennent..?

On les voit, capturés avec la sensibilité bien définie du jeune photographe Lionel Jusseret, on les voit dans leurs pensées, ils sont troubles, peut-être même torturés. On entend une certaine peur, on le voit, mais on l’entend aussi, parce que, souvent, ces images sont si fortes que le sonore dépasse le visuel. On voit la peur qu’ils doivent avoir eux-mêmes d’une incompréhension de leur état, de leur propre confusion, et la peur de nous autres qui ne les comprenons pas du tout et qui avons peur d’eux, parfois…

L’ambiance établie dès le début de cette sélection d’images est constante à travers les photos des enfants aussi bien que dans les photos de paysage, des paysages qui fonctionnent ici comme des parenthèses, des ponctuations, des temps de pause dans des phrases faites d’images. C’est un vrai langage de photo, un vrai langage d’image, et avec cette sensibilité spécifique et personnelle, un vrai travail d’auteur.

Lionel Jusseret est habité par son sujet. Il n’est pas à côté en train de le prendre en photo. Mais malgré cet engagement intime et complet, la qualité de la création n’est pas évacuée mais prise en compte complètement.

On voudrait prendre ces enfants dans nos bras, les consoler, les protéger. C’est à cause de l’émotion qui émane d’eux, ici si bien saisie par le photographe, Lionel Jusseret, qui nous fait connaître un peu mieux ces petits personnages si singuliers, ces enfants dits « autistes » dont lui n’a pas eu peur.

Jane Evelyn Atwood

La poésie des photos de Lionel Jusseret ne se trouve pas seulement dans ses jeux d’ombres et de lumières, dans ses couleurs qui suscitent, au premier abord, un attrait aussi soudain qu’inexplicable, une interrogation qui sème le trouble. Ce sont tous ces aspects, au bout du compte, qui créé le génie de Kinderszenen, une longue série d’images qui offre un regard anthropologique inédit de l’autisme au sein de l’enfance. Jusseret participe à la création d’une nouvelle narration de l’autisme – une basée sur son humanité. Les enfants qu’il photographie ne sont pas ses sujets. Au contraire, ils deviennent parties intégrantes du processus créatif de Jusseret qui cherche des réactions semi-improvisées, des moments plus humains et naturels. La force de son travail réside dans le profond respect que Jusseret éprouve pour ces jeunes garçons et ces jeunes filles – un respect proche d’un militantisme qui fait suite à son engagement au sein de l’association française J’interviendrais en tant qu’animateur socio-culturel. A travers les 13 chapitres de Kinderszenen, Jusseret nous force à questionner notre propre interprétation de l’autisme – une qui manquait trop souvent de poésie et d’innocence.

Olivier Laurent

 

Through an omission of certain words, an elliptical sentence creates a sense of immediacy through its economy. Despite grammatical elides, the meaning is not lost on us for we are bound within the intimation, and the implications are understood despite the paradox of a deletion amplifying the essence.

In visual terms, we can say a particular photo has a quality that strikes us in a primal, unconscious way. The image itself creates meaning for us and the gamut of our emotions are immediately brought into play when we view it. Regardless if the photo elicits the feeling the photographer meant for the image to communicate to us, what is understood is that the image itself has triggered our under-the-skin response. But despite this reflexive visual/emotion dynamic, we are often left standing in a bifurcated reality of subject and object and an animated transcendence transporting us outside of ourselves rarely occurs.

To me, the notion of an elliptical photography is personal. For when I first saw the Kinderszenen collection by Lionel Jusseret, I felt an expansion of my own visual cortex. My own emotional responses to the raw, ferocious beauty of the various portraits seemed immaterial and insignificant as I felt myself seeing not through my eyes, but through the eyes of the children as they witnessed their world. Transported through an invisible portal into their microcosm, I entered into a state of pure empathy unlike I had ever experienced before. What was suddenly missing was myself, and everything that wasn’t in the photos, namely the photographer, became directly communicated. Crudely defined, the magic that these images hold for me is in their ability to shift the creator’s intent away from himself, and into the
subject’s silent, deep and dark inner world where language is extraneous, and reality a hermetic, otherworldly landscape framing an unknowable and profound, solitary and singular human existence.

Mark Hammond